Histoire et Patrimoine

L'ECOLE DE PUYLAUSIC

Ce qu'il faut savoir sur l'école à Puylausic :

 

  1. L'école où se trouve actuellement la mairie   a fonctionné depuis sa construction en 1906 jusqu'à sa fermeture en 1984.
  2. Auparavant, il y avait déjà une école, et même deux:

    - l'école de garçons dans la maison d'A.Archidec de 1856 à 1906. Le principal instituteur s'appelait Firmin Roignan. Devenu maire à sa retraite, il a lancé le projet d'une nouvelle école dont nous avons les plans. Suite à des querelles personnelles et politiques, c'est un autre projet qui a vu le jour sur le même terrain.
    Et avant cela, entre 1840 et 1856, la classe se tenait chez l'instituteur Organ dans l'actuelle maison Huc.

    - l'école des filles a été une école communale donc publique dès 1879, soit 2 ans avant les lois de Jules Ferry. Elle a été installée dans diverses maisons.
    Avant d'être laïcisée, l'école de filles était tenue par les Sœurs de la Providence de Lectoure.
  3. En 1909 s'est ouverte l'école libre/privée dite du Couvent. Ce bâtiment n'a jamais été un couvent, mais la maison de la "châtelaine" Caroline de Passama, qui a souhaité qu'à sa mort, la maison devienne une école catholique de filles. Mlle Abadie l'a dirigée jusqu'en 1943.

 

 

Puylausic école
L'école de Puylausic vers 1907

Cette photo a été prise dans les deux ou trois premières années après le transfert de l'école dans ses locaux tout neufs. A quoi peut-on le deviner ?

  • Le puits construit en 1908 n'apparaît pas.
  • Il y a autant de filles que de garçons. Or, la plupart des filles ont déserté l'école publique lorsque l'école privée (le "Couvent") s'est ouverte en 1909.

Les adultes près de la porte sont sans doute les époux Gleyses, instituteurs.

 

 


 

 

 Le texte qui suit est disponible à la mairie sous forme d'un fascicule.

 

Il sera complété par l'histoire de l'école des filles.

 

Sources : Registres des conseils municipaux, plans, courriers échangés à l'époque entre la mairie de Puylausic, la sous-préfecture, la préfecture, les Ponts et Chaussées, l’Éducation Nationale, le député, le sénateur..., conservés à la mairie  et aux  Archives du Gers.

 

 

L’ÉCOLE DES GARCONS

Le premier instituteur communal : Louis Organ 1840-1854

 


Vers 1854, date à laquelle on commence à trouver des archives sur l'école, Puylausic compte 568 habitants. Comme dans la plupart des villages du Gers, après les lois Guizot de 1830, on y trouve une école de garçons. C'est une école communale.


On y trouve aussi une école de filles, elle est privée et laïque : la personne qui la tient n'est pas une religieuse.


L'école communale est réservée aux garçons : ce sont des fils de cultivateurs, de domestiques agricoles, d'ouvriers occupés dans les 4 tuileries du village.


Au cours de l'hiver 1854, 25 élèves fréquentent la classe d'Organ. Six d'entre eux paient leur scolarité ; les autres, reconnus trop pauvres par la commune, bénéficient de la gratuité.


En été, il ne reste que 5 ou 6 élèves en classe ; les autres travaillent aux champs.


Louis Organ est l'instituteur de Puylausic depuis au moins une quinzaine d'années. C'est un personnage important. Il est aussi géomètre. Surtout, c'est un membre influent du Conseil de Fabrique, c'est à dire qu'il fait partie des notables qui gèrent les biens de la paroisse : les dépenses relatives à l'entretien de l'église, de son mobilier et des objets religieux, celui du presbytère et du cimetière ; les rentrées d'argent provenant d'éventuels legs ou dons, de la location des bancs, etc...


Organ vit au village avec sa femme Marie 45 ans, et leurs 3 enfants de 18, 16 et 9 ans. Il habite la maison qui est aujourd'hui occupée par la famille Huc-Duzan, en face de la nouvelle mairie.

 

La commune n'a pas de locaux pour l'école. Organ fait la classe dans sa maison, dans une pièce réservée à cela. La commune lui donne un loyer de 60 fr par an. Il reçoit un traitement (salaire) de 300f par an.


Il enseigne la lecture, écriture, calcul, éducation morale et religieuse ; il peut ajouter des notions d'histoire, sciences naturelles, dessin, gymnastique, chant.


Organ a maintenant 63 ans et va arrêter sa fonction d'instituteur. Il continuera de travailler comme géomètre avec son fils pendant au moins 10 ans et sera maire pendant quelques mois en 1857-58 à 66 ans.


Comme il fait l'école dans sa maison, son départ pose un double problème au village : il faut trouver à la fois un maître d'école et un local pour la classe.

 

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Partie 1. Le premier instituteur : Organ
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La première école, l'école des garçons 1854-1906

La première école publique


La famille Malet propose de vendre à la commune une maison qu'elle possède au milieu du village pour servir de maison d'école. C'est une famille de tuiliers : le père, le vieux François Malet, 81 ans, a fondé la tuilerie d'En Marche en 1817 (actuellement la maison Richasse). Il a aussi longtemps été maire. Son fils Bernard a repris la tuilerie.

 

La classe se tient une année dans cette maison. C'est actuellement la maison de A.  Archidec ; entre temps, elle a aussi servi de bureau de Poste.

Elle a un jardin qui peut servir de potager à l'instituteur, mais surtout de champ d'application aux cours d'agriculture.


Le maire Bernard Clauzade la fait acheter par la commune pour 1.950 francs en 1854. Ce n'est pas très cher, mais elle n'est pas non plus en bon état. La commune augmente les impôts et la paie en 5 ans. Clauzade comptait sur un secours (une subvention) de 1.300 f pour faire des réparations, mais l’État n'envoie que 600 f. Les
réparations vont au plus urgent, la maison reste insalubre.


Après le départ d'Organ, huit instituteurs au moins vont se succéder au village, sans s'y établir.

 

 

L'instituteur Roignan et le curé Lannes

En 1863 arrive un nouvel instituteur : Pierre-Firmin Roignan, il a 29 ans.
Roignan s'installe dans la maison d'école qui comprend sa classe et son logement.
Les locaux sont humides et mal entretenus.


L'école se trouve juste à côté du presbytère, une belle maison construite 40 ans
plus tôt pour le curé Cazabonne.
Le curé Jean-Marie Lannes vient d'arriver.


Lannes et Roignan ont beaucoup de points communs : ils ont à peu près le même âge, arrivent presque en même temps à Puylausic et quitteront leurs fonctions au village tous deux vers 1908, après 45 ans de service à la commune.
Surtout, ils ont tous deux pour mission de régner sur les esprits. Les instituteurs de l'époque avaient la réputation d’être de gauche, socialistes, voire révolutionnaires.
Les curés passaient pour être conservateurs, voire réactionnaires.


Leur cohabitation au village commence à la manière d'un Dom Camillo !


Deux mètres à peine séparent l'école du presbytère, ménageant un passage vers les jardins mitoyens. Une des fenêtres de la salle de classe et celle de la cuisine de l'instituteur donnent sur ce passage et sur le mur de l'écurie du curé ; elles prennent à peine le jour. A l'arrivée de Roignan, en octobre 1863, Lannes est en train de faire construire un mur entre les 2 jardins ; il le fait aussitôt prolonger et monter plus haut.

 

On dirait qu'il craint les idées républicaines que pourrait véhiculer son nouveau voisin !


Et ce n'est pas tout : comme pour marquer son territoire, il entreprend de déplacer ses latrines pour les installer sous les fenêtres de l'école !


Le plan ci-dessous a été établi par Roignan avec un soin méticuleux pour expliquer au conseil municipal et au préfet ses griefs contre le curé. L'emplacement des « nouvelles latrines était un passage pour se rendre au jardin du Presbytère » écrit-il.
« M. le Curé désire transporter ce passage sur les dépendances de l'école et a déjà fait établir une porte au Nord des nouvelles latrines». En bref, le curé exagère !

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Plainte de Roignan contre le curé Lannes
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1863. Plan de l'école et du presbytère réalisé par l'instituteur Roignan et joint à sa plainte contre le curé Lannes.
Transcription du texte :
1. Mur du Presbytère tel qu'il devait être établi d'après le plan approuvé.
2. Mur tel que le fait construire M. le Curé.
3. Latrines (nouvelles)
4. Mur commencé pour nouvelles constructions non approuvées par M. le Préfet.
Nota. Les latrines actuelles sont situées à l'angle Nord-Ouest du Presbytère.L'espace compris entre la ligne rouge et la ligne noire était un passage pour aller au Jardin du Presbytère. M. le Curé désire transporter ce passage sur les dépendances de l'école, et a d'ores et déjà fait établir une porte au Nord des nouvelles latrines.


Roignan, instituteur pendant 31 ans à Puylausic

Roignan demande alors à la mairie de clore son jardin, qui est aussi celui de l'école. Le coût serait de 100 Fr. Une subvention est demandée.
Outre la clôture du jardin, Roignan réclame des réparations pour l'école qui est toujours en aussi mauvais état.


Le maire LAMARCHE apporte son soutien, obtient des subventions, demande aux habitants d'offrir leur travail ou des matériaux pour réparer le bâtiment. Cependant, au cours des 50 années pendant lesquelles elle servira d'école, cette maison nécessitera toujours des réparations et elle ne sera jamais satisfaisante.


Pendant au moins 10 ans, cette maison aura accueilli une vingtaine ou une trentaine de garçons dans la salle de classe, et une famille entière dans le logement.

Roignan se marie et s'installe avec sa famille au quartier Las Bordes, dans l'actuelle maison Caracciolo-Martel vers 1875, il libère ainsi le logement de fonction.


Le maire CAMPISTRON en fait la mairie. Il récupère une pièce du logement vacant pour y tenir les réunions du conseil municipal et y entrepose les archives de la commune.
Une douzaine de garçons sur la trentaine d'inscrits sont admis gratuitement à l'école.
1881. Les lois Jules Ferry rendent l'école gratuite, laïque et obligatoire pour tous les enfants de 5 à 13 ans. L'école des filles, qui entre temps avaient été tenue par des sœurs, est laïcisée un peu avant la promulgation de la loi.

 

 


1884. Saint-Laurent est élu maire. L'école est le cadet de ses soucis. En 8 ans de mandat, il réalise une seule dépense pour les deux écoles (une armoire pour ranger les cahiers de filles), et n'effectue aucune réparation. C'est au point que l'école de filles sera transférée dans la maison de l'institutrice qui vit elle aussi au quartier Las Bordes.


1888. La population de Puylausic est maintenant de 423 habitants. La loi permettrait de réunir les deux écoles en une école mixte. Qui dit école mixte, dit locaux plus grands. La municipalité s'y oppose fermement, arguant que le nombre d'enfants ne diminue pas (ou presque pas ! L'école des garçons passe de 42 à 30 élèves en 3 ans tandis que l'école des filles se maintient à 39), elle craint qu'une école mixte ne dispose que d'un seul maître pour l'ensemble des enfants. En effet, à l'époque, une classe pouvait compter 70 élèves !
Les latrines de l'école existent toujours dans le jardin d'A. Archidec.

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Partie 2. La première école.
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Portrait  : Firmin Roignan

Portrait : Firmin Roignan


Bien que totalement oublié, Pierre-Firmin Roignan est une grande figure du village.
C'est l'instituteur qui est resté le plus longtemps en poste à Puylausic : il y a enseigné pendant 31 ans, de 1863 à 1894. En tant qu'instituteur, il est aussi secrétaire de mairie.


Lorsqu'il prend sa retraite, il est élu maire pendant 3 mandats successifs, soit 12 ans
(1896 – 1908) de 62 à 74 ans. C'est lui qui fait construire l'école que nous connaissons.


Firmin Roignan est né en 1834 à Juilles, près de Gimont, dans une famille de cultivateurs.


Il devient instituteur à l'âge de 19 ans (c'était un âge courant à cette époque) et exerce pendant une dizaine d'années avant d'être nommé à Puylausic.


A son arrivée au village, Firmin Roignan a donc 29 ans ; il loge à l'école (l'actuelle maison Archidec). Il épouse bientôt Marie Peyron, de onze plus jeune que lui, avec qui il aura 3 enfants. L'aînée Louise naît en 1870. Les anciens du village se souviennent d'elle sous le nom de Louise Fanjeau, alors qu'elle était institutrice à Sauvimont. Elle s'y rendait à pied depuis Las Bordes.


Dans leur petit logement, ils accueillent souvent un membre de la famille de Firmin pour de plus ou moins longues périodes : sa jeune soeur veuve, son père, sa nièce.
A la mort du père de Marie, la famille emménage dans la maison familiale des Peyron à Las Bordes, avec la mère de Marie. Ils y ont deux domestiques agricoles.


C'est là que naît Madeleine, leur seconde fille. Elle travaillera aux PTT de Lectoure et
décédera à Puylausic à l'âge de 27 ans en 1903. Leur fils cadet, Fernand, sera commis de poste à St-Denis au nord de Paris.


L'épouse de Firmin, Marie, meurt à Puylausic à l'âge de 61 ans en 1906. Roignan, 72 ans, déjà obsédé par ses démêlés politique, est très affecté par sa disparition.


Après la fin de ses mandats de maire en 1908, on perd malheureusement la trace de Firmin Roignan.

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Partie 3. Portrait de Firmin Roignan.
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Enfin un projet !


1891. Las de voir le bâtiment se dégrader toujours davantage et conscient de l'indifférence du maire Saint-Laurent pour la situation des écoles, l'inspecteur demande à Roignan d'intervenir auprès du conseil en vue d'obtenir la construction d'un groupe scolaire. Le conseil municipal suggère d'acheter le terrain du Pigeonnier à la 'Châtelaine'
Aimée de Passama. Actuellement, c'est l'emplacement du belvédère aux Oliviers à l'entrée du village.
Rien ne se fait.


1894 : Roignan, âgé de 60 ans prend sa retraite, après 40 ans de service dont 31 à Puylausic, qui font de lui l'instituteur qui est resté le plus longtemps en poste au village.
Un nouvel instituteur est attendu, qui va occuper avec sa famille le logement vacant de l'école servant pour le moment de mairie6. Il faut effectuer des réparations dans le logement. La mairie est transportée dans une maison que le maire Saint-Laurent vient d'acheter en haut du village.
Le conseil municipal7 finit par voter la construction d'une école de garçons, il envisage d'acheter la maison Deluc au village, connue par la suite comme maison du coiffeur Soubes. La démolition de cette maison a donné naissance à la place du village.
Mais là encore, rien ne se fait.



Enfin un projet !
1896 : L'instituteur retraité Roignan est élu maire de Puylausic. Il n'a jamais été conseiller, mais en tant qu'instituteur, il faisait fonction de secrétaire de mairie.
Roignan décide de prendre en main le projet d'école en souffrance depuis trop longtemps et propose l'acquisition de la maison Malet, sur l'emplacement de l'actuelle mairie. Il s'agit d'une maison et d'un hangar avec un jardin.


Le hangar serait aménagé en salle de classe et un préau. D'après le plan, la classe est prévue pour 56 élèves, même si l'effectif réel est d'environ 35 inscrits. Elle mesure 7,50 m sur 6,40 m, soit 48 m². De nos jours, cette salle nous paraît bien petite pour accueillir autant d'enfants ! La maison pourrait accueillir le logement de l'instituteur et la mairie. Le jardin de 2.300 m² servirait aux cours d'agriculture.


Des travaux importants sont à prévoir, dont le coût s'élèverait à 12.000 f.


Le conseil municipal charge le conducteur des Ponts et Chaussées de Lombez, un certain Bourgade, de faire les plans. Bourgade n'est pas architecte, la responsabilité civile et pécuniaire du projet lui incombent personnellement. Cependant, il doit avoir
de bons amis à Puylausic car le conseil accepte tout de go de le dégager de ces responsabilités pourtant essentielles ! Le projet lui sera finalement retiré par la préfecture qui le confiera à l'architecte départemental, Métiviers.


Quant aux filles, elles iront dans l'ancienne école des garçons, vaguement remise en état. 35 garçons et 25 filles sont alors scolarisés pour un total de 421 habitants.


Le projet est voté en 1898 et reçoit toutes les autorisations nécessaires, la subvention est en cours.


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Plan du terrain de la future école 1898
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Plan 1898 premier projet
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Partie 4. Premier projet.
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La nouvelle école

1900 : Roignan est réélu maire en mai. Tout semble aller pour le mieux. Il ignore qu'une crise se prépare au village, faite d'intrigues personnelles et politiques. Elle annulera le projet de l'école, s'amplifiera encore aux élections suivantes et le laissera vieilli, usé et amer, obnubilé de vieilles rancunes, rabâchant ses griefs auprès de l'administration.

Que se passe -t-il donc ?

Rien ne va plus


Premier acte de la crise au village :

la remise en cause du projet par un conseiller « dissident », Léopold Baulies, cultivateur propriétaire à la Hourtanère, proche de l'ancien maire Saint-Laurent, toujours adjoint. En août 1900, trois mois après les élections municipales, un conseil houleux remet en question le projet de l'école.

 

Les registres municipaux nous le racontent, on s'y croirait :


« Monsieur BAULIES prend la parole. (...) D'après lui, la maison Malet est insalubre et manque de solidité, n'a aucune valeur et se trouve bien surpayée. Il voudrait la construction d'un groupe scolaire, c'est-à-dire d'une double école pour garçons et filles, qui pourrait être établie au Levant du village, à côté du chemin qui va vers l'église. Il croit que ce projet ne coûterait guère plus que celui qui est au ministère.


Le maire fait observer que le jour lui paraît mal choisi pour agiter cette question : ce n'est pas au moment où la solution va intervenir qu'il faut remettre le projet sur le tapis. Le conseil municipal a délibéré dans toute la plénitude de ses droits. Le dossier est passé par toutes les filières administratives et pas la moindre opposition ne s'est produite, soit au moment de l'enquête, soit plus tard.


La proposition de Monsieur Baulies lui paraît malvenue à cette heure. Comme la solution de semblable affaire se fait toujours attendre fort longtemps, on risquerait fort de voir de nouvelles propositions à chaque changement au renouvellement du conseil et aucune amélioration ne pourrait se produire. Le projet soumis au ministère donne satisfaction à tous les besoins : les bâtiments n'auront pas l'élégance et construction neuve ; mais ils seront convenables et surtout moins coûteux.


M. Baulies croyant toujours le contraire, le maire lui propose de choisir lui-même un autre emplacement, d'en arrêter le prix avec le propriétaire, de prendre un architecte ou un bon ouvrier quelconque capable de faire un plan et un devis régulier et il promet de se ranger à son avis s'il ne se trouve pas un surcroît de dépenses considérable.


M. Baulies n'accepte pas cette dernière proposition, il persiste toujours à faire rentrer le dossier ; on appellera ensuite l'architecte du département qu'on chargera de former un nouveau projet dans les conditions ci-dessus exposées.


Une demande de scrutin ayant été faite, la question Baulies a été mise aux voix.


D'après le scrutin, quatre voix se sont prononcées pour et six contre. Par conséquent cette proposition n'a pas été adoptée.


Le procès-verbal qui précède a été rédigé séance tenante. Le maire en a donné lecture et tous les membres du conseil ont reconnu qu'il reproduit fidèlement les débats.
Fait à Puylausic , le 26 août 1900


Trois membres, messieurs St Laurent, Baulies et Bertin ont refusé de signer. Tous les autres membres du conseil ont signé : Augé, Malet, Olivier, Sansas, Léran, Courbion,
Roignan maire. »

 

 


Deuxième acte de la crise à la rentrée :

la guerre entre Roignan et les nouveaux instituteurs.
Un nouveau couple d'instituteurs est nommé à Puylausic : Edouard et Joséphine Gleyses. Ce sont de bons maîtres d'école, appréciés par leur administration et par les pères de famille.
Roignan connaît Gleyses et il ne veut pas de lui à Puylausic. Il intrigue pour empêcher sa nomination, en vain. Les Gleyses s'installent en octobre 19009 (toujours dans la maison Archidec). Ils ne se présentent pas chez le maire à leur arrivée comme le veut l'usage, et ils ne lui adressent pas de voeux de bonne année en janvier. Furieux, Roignan essaie de récupérer le mobilier du logement des instituteurs, au prétexte qu'il appartient à la commune.
Cerise sur le gâteau : Gleyses s'entend bien avec Baulies. Ensemble, ils causent politique, au grand dam de Roignan.


Le nouveau projet est adopté

L'histoire ne dit pas comment Baulies s'y est pris pour faire revenir ses collègues sur leur premier vote : toujours est-il que six mois après cette réunion orageuse, le conseil s'accorde à l'unanimité pour demander un devis pour aménager la maison Malet en une école double. Il a coupé la poire ne deux : on ne démolit rien, et on crée une école double.

 

Le maire confie au sous-préfet de Lombez qu'il préférerait garder l'ancien projet, bien moins onéreux et demande l'avis de l'administration en mettant en avant non pas ses griefs personnels, bien sûr, mais la misère de ses administrés. Le préfet est bien
d'accord : il faut s'en tenir à l'ancien projet, car si on devait modifier les projets au rythme des changements électoraux, on irait vite au chaos.


Passant outre l'avis du préfet, le conseil vote en décembre à l'unanimité la démolition de la maison Malet pour construire une école double toute neuve. Baulies a gagné.
1902. Roignan ne s'avoue pas vaincu, il essaie d'empêcher le vote du budget concernant l'école. Pour cela, il démissionne ! Le pari est osé, il se fait réélire quelques jours plus tard par le conseil municipal et le budget est voté.


L'école double coûtera 21.000 F ; les accords administratifs suivent. On attend encore la subvention. Le temps passe.


Le mois de mars 1903 est marqué par deux décès. Roignan perd sa fille Madeleine, âgée de 27 ans. Elle décède chez lui. Ce deuil va s'ajouter aux contrariétés qu'il vit à la mairie.
A la Houme10, le père Malet meurt, la maison revient à son fils aîné. La maison est expertisée, déclarée en très mauvais état et estimée à 850 F (au lieu des 4.000 f prévus au budget). Le maire relance l'administration. Une subvention de 12.000 f est accordée en septembre. La maison est enfin achetée en décembre 1903.


1904 - Enfin, on construit l'école
Les travaux se déroulent l'année suivante. Parmi les commerces de Puylausic se trouve l'épicerie-bureau de tabac de Ferdinand Verdier. L'épicière Anita Verdier est la grand-mère de Gilbert Laffont, notre doyen. Elle a alors 34 ans et une fillette de 4 ans, Agnès. Elle prépare les repas des ouvriers de l'entrepreneur Collonges de Samatan qui démolissent les vieux bâtiments et construisent l'école. Le salaire qu'elle en tire lui permet de s'acheter une salle à manger. On peut encore voir une table de cet ensemble de meubles dans le 'bar' de Gilbert.

 

Pendant que s'élèvent les murs de la nouvelle école, une nouvelle crise éclate à l'occasion des élections municipales. Il faut retrouver le climat politique de l'époque : on est républicain lorsqu'on n'est pas bonapartiste ou royaliste, et l'énorme mouvance républicaine est en train de se scinder et de donner naissance à plusieurs partis dont les tendances s'échelonnent jusqu'aux extrêmes droite et gauche, si bien que tous se déclarent républicains. Le pouvoir est aux radicaux socialistes. L'anticléricalisme est à son comble.


Guerres politiques et personnelles
A Puylausic, les protagonistes se posent tous en républicains dévoués. Pour y voir plus clair, disons que si tous se déclarent partisans de la République, la plupart  semblent de droite. Or, ce sont les radicaux socialistes qui ont le pouvoir. Les courriers échangés entre le préfet, les conseillers généraux, etc. montrent que ces citoyens remuants sont considérés comme de droite ; on disait à l'époque cléricaux ou réactionnaires.
D'un côté, Roignan et son conseil (comprenant Baulies) : ses querelles avec le curé Lannes semblent taries depuis longtemps. Il est parrain d'une des cloches de l'église (on peut encore lire son nom sur la cloche la plus haute). On ne peut donc pas le qualifier d'anticlérical. Il se représente aux élections de 1904.
De l'autre, Baulies mène le Comité républicain radical socialiste, qui compte une trentaine de membres au village ; en homme avisé, Gleyses n'en fait pas partie.
 Cependant, Roignan l'accuse d'avoir rédigé et fait imprimer la profession de foi de la liste d'opposition, toujours menée par l'ancien maire Saint-Laurent. Saint-Laurent n'a pourtant rien d'un socialiste : deux ans plus tôt, il a ouvert sa maison à la réunion publique d'un républicain notoirement réactionnaire : le candidat député le marquis de Pins, ancien maire de Monbrun près de Cologne, révoqué pour ses positions dans l'affaire Dreyfus et pour son refus de laïciser son école communale.


Roignan est réélu maire pour un troisième mandat avec sa liste entière. Voici ce que dira de ce nouveau conseil un peu plus tard Rotis, notaire et conseiller général de Lombez : « Ils de disaient tous de fermes républicains, mais parmi eux il n'y avait, à
part un, que des cléricaux et des rats d'église. »


La réaction à l'élection ne tarde pas : le dimanche suivant, on découvre des mais.
Normalement, les mais sont déposés devant la maison des élus (ou des jeunes filles, mais c'est une autre histoire) pour leur faire honneur. Ce sont les troncs minces de très jeunes arbres qu'on décore de fleurs, feuillages, de drapeaux ou d'inscriptions. Des mais décorés sont dressés devant l'école et portent l'inscription :
« A nos chers et sympathiques instituteurs,
Hommage des Républicains »


D'autres mais sont déposés devant le Cercle. Le Cercle était une sorte d'association conviviale qui se réunissait dans l'actuelle maison Huc et où on passait les veillées à se raconter des histoires, à jouer aux cartes... On peut lire entre les
drapeaux et les fleurs qui l'ornent :
« Gloire aux vaincus,
vive la jeunesse républicaine »


Roignan pique ce jour-là la colère de sa vie. Il est fou de rage. Il se sent personnellement agressé, injurié. En fait, il est anéanti.


A partir de ce moment, il ressasse ces événements avec amertume et colère. Il demande encore la mutation de Gleyses, et recommence chaque année. Pour l'obtenir, il se plaint au sous-préfet, au préfet, au conseiller général Lacomme, réputé clérical, et même au ministre, de l'insulte qui lui a été faite. Le ministre demande un rapport au préfet, et au vu de la réponse, délaisse l'affaire. Il se sent l'objet d'une « guerre acharnée », de « mensonges et calomnies ».


Il écrit même au ministre ! Il lui relate l'histoire des élections où les mais deviennent un « arc de triomphe », dénigre Gleyses, « sa méchanceté, sa négligence, son apathie » et sa femme « ses bavardages et ses habitudes cancanières ». Le ministre
demande un rapport au préfet. Le préfet explique qu'il s'agit de querelles intestines entre les « factions républicaines de Puylausic ». L'affaire en reste là.


Seuls les élus, toujours à l'affût de nouvelles voix, apportent leur soutien à l'un ou l'autre clan. Gleyzes obtient le soutien des élus socialistes : le conseiller général de Lombez Rotis, celui de L'Isle-Jourdain Délieux, le sénateur Laterrade. Sa hiérarchie et les pères de familles sont contents de lui. Il reste en place, mais démissionne de sa fonction de secrétaire de mairie. La guerre continue.


1905. L'école est enfin terminée.


A la rentrée, les Gleyses rejoignent leurs postes et Roignan devrait leur remettre les clés, mais il explique au préfet que « cela [lui] répugne souverainement ». Il propose de les faire déposer chez le sous-préfet à Lombez.


Finalement, c'est Rotis, notaire à Lombez et conseiller général favorable à Gleyses qui, sur ordre du préfet, se rend à Puylausic pour remettre les clés de l'école aux instituteurs.

 

Il raconte :
« Avant de me rendre aux écoles, je suis passé chez M. le Maire pour le prévenir(...), j'ai eu le regret de ne pas le trouver chez lui ».
« L'ouverture des portes s'est faite par M. et Mme Gleyses, instituteurs, sans autres témoins. En prenant possession de ces locaux, M. Gleyses m'a fait remarquer que la porte qui, de l'intérieur donne accès au préau des filles était ouverte. Il est probable que le dernier détenteur des clés avait négligé de la fermer. »


On devine le sourire narquois de Gleyses !


« J'ai recommandé aux instituteurs de s'abstenir de toute manifestation ( …) ils m'ont assuré qu'ils ne soulèveraient pas d'incidents et qu'ils observeraient une neutralité absolue, en ne s'occupant que de leurs écoles ».


Cependant, malgré la remise des clés et l'approche de l'hiver, l'école n'ouvre toujours pas. Roignan fait de la résistance, arguant qu'il faut encore sabler la cour, planter des arbres, et ensuite procéder à la réception des travaux...


Enfin, le 1er juillet 1906, quinze ans après la demande de l'inspecteur d'obtenir une école, huit ans après le vote du premier projet, quatre ans après le vote du second, la réception définitive des travaux a enfin lieu. « Elle se déroule, dit le maire, à la satisfaction générale ». On ne pouvait guère espérer moins !


La rentrée 1906 se fait dans la nouvelle école.


Parmi les enfants présents ce jour-là se trouvait la fille de l'épicière, la petite Agnès Verdier, 6 ans, qui deviendra la maman de Gilbert Laffont.

 

 

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Partie 5. La nouvelle école. Deux projets pour une école. Guerres intestines. Rentrée 1906.
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Notre école 1906 - 1984

Notre école 1906 - 1984


C'est en 1906 que s'ouvre le nouveau groupe scolaire, après des années de projets, de chantier et de querelles qui ne sont pas terminées pour autant.


L'année suivante, quatre pères de familles portent plainte auprès de l'inspecteur d'académie contre Gleyses pour moqueries et châtiments corporels sur leurs enfants
âgés de 5 à 8 ans, tels qu'ils ne veulent plus retourner à l'école. Ils sont bien sûr appuyés par Roignan qui profite peut-être du départ de Rotis, le soutien de Gleyses.
L'inspecteur d'académie donne une version très adoucie des faits au préfet. Les Gleyses ne seront jamais mutés.


Edouard Gleyses décède subitement en 1911 à l'âge de 41 ans. Sa femme quitte aussitôt Puylausic.


L'ancienne école de garçons est louée : elle devient le bureau de la Poste pendant plusieurs décennies.


Dans la cour de la nouvelle école, les platanes nouvellement plantés ne prennent pas. En 1908, on décide de les remplacer par des acacias. Ces acacias, ou bien leurs descendants, sont toujours visibles derrière la mairie.


A la même époque, le puits est construit, mais la pompe n'est installée qu'en 1920. Elle fonctionne toujours.


En 1909 s'ouvre une école catholique de filles dans la maison voisine de l'école publique. Aussitôt, l'école communale de filles se vide. En 1912, l'inspecteur fulmine : il ne reste que 3 filles à l'école publique pour 14 garçons. L'école devrait être transformée en école mixte. Le conseil municipal refuse.


A partir de là, la grande préoccupation des garçons pendant les récréations est de faire passer des billets aux filles à travers le mur de tuiles, en déjouant la surveillance redoutable de l'institutrice privée, Mlle Abadie.

 

L'éclairage est voté en 1938.

 

L'école garde son couple d'instituteurs jusqu'en 1955. Se succèdent M. et Mme Ségrestran, Lubis, Nogues et Maillet. La population est alors d'environ 250 habitants.
Noguès lance un atelier de théâtre que Maillet poursuivra. La troupe se produit dans les villages. Avec le bénéfice, il organise juste avant la guerre un voyage à Nice et Grasse qui est resté dans les mémoires.


Dans les années 50, l'école abrite le cinéma. C'est M.Maillet qui fait venir les films.


Les enfants viennent à pied des quartiers environnants. Ils apportent avec eux leur cahier et le casse-croûte qu'il mangeront à midi dans la salle de classe. Certains partagent le repas d'une famille au village.


Mme Bouas travaille à la cantine de 1965 environ à 1980. Sa sœur Marie-Louise Camin prend la relève jusqu'à la fermeture de l'école en 1984.


L'une et l'autre s'approvisionnent à l'épicerie du village, toujours tenue par Agnès Verdier, devenue Mme Laffont. Le pain et la viande sont achetés aux camions des commerçants ambulants, le boulanger ou le boucher Sottom.


Tous les repas commencent par une soupe.


C'est le rez-de chaussée du logement de l'instituteur qui sert de cantine, il se compose d'une cuisine et d'une salle à manger qui accueille une douzaine ou une quinzaine d'enfants.


A partir de 1955, il n'y a plus qu'un poste d'instituteur : il encadre une vingtaine d'enfants de 6 à 11 ans. Il pourraient être un peu plus nombreux, car le village compte davantage d'enfants. Une partie d'entre eux est scolarisée à Lombez par les familles qui estiment trouver un meilleur enseignement en ville, où officie un instituteur par niveau.
L'école est tenue successivement par Mme Maurin, Mlle Cans, M. Moulis, Mme His, et Gaston Louit de 1963 jusqu'à la fermeture de l'école en 1984.
Il ne reste alors qu'une douzaine d'élèves.

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Partie 6. Notre école.
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Contexte


L'histoire qui précède retrace la plupart des faits relatifs aux écoles de Puylausic entre 1840 et 1906, tels qu'ils ont été enregistrés dans les archives de la commune et du département. Le village a eu une école publique de garçons et une école de filles tour à tour publique ou privée.


En toile de fond des anecdotes de village se dessine l'histoire de l'école en France à un moment où l'éducation est passée du monopole de l’Église au giron de l’État.


Ce mouvement a commencé avant la Révolution. Les Lumières ont réfléchi aux moyens de séparer l’État de l’Église, pilier de l'Ancien Régime, d'associer l’État et l’éducation nationale, d'offrir une instruction au plus grand nombre.


La Révolution n'a pas eu les moyens de concrétiser ces idées : elle était engagée dans des guerres contre les monarchies européennes qui cherchaient à restaurer l'ordre ancien en France.
Elle a cependant semé une graine.


Jusque là, l'instruction était réservée aux élites. L'immense majorité de la population était illettrée. L’Église catholique régnait sur les consciences et sur l'instruction. Le protestantisme aux ambitions réformistes et éducatives était proscrit.
L’Église fixait la morale, enseignait le respect de l'ordre établi.


Les enfants pauvres aidaient leurs parents dans leur travail, le plus souvent aux champs. S'ils allaient à l'école du curé ou des religieux, ils apprenaient d'abord le catéchisme, puis des rudiments de lecture. Très peu apprenaient à écrire, le matériel coûtait cher. Le calcul n'était pas enseigné. Les filles apprenaient plutôt à coudre.
Les maîtres étaient durs, ils rudoyaient les enfants.

 

Le français n'était pas répandu ; il existait de nombreux dialectes locaux.
Le désir de connaître les nouveaux droits acquis par la Révolution a donné un essor à la langue française. Sous Napoléon Ier, la conscription obligatoire (service militaire) a favorisé sa diffusion.


Les différents régimes qui se sont succédé au 19ème siècle (monarchie, empire, république) ont tantôt rendu, tantôt repris à l’Église son rôle dans l'éducation. L'école
est devenue l'enjeu du combat entre la République et l’Église catholique. De plus, le développement de l'industrie nécessitait la formation d'ouvriers qualifiés.


Les régimes conservateurs, les plus proches de l'ordre ancien, redoutaient qu'en s'instruisant, les masses populaires finissent par revendiquer le pouvoir. Ils voulaient
donc conserver à l’Église son rôle d'éducation, comptant sur elle pour entretenir la soumission des esprits.


Les régimes se réclamant du Progrès, du socialisme étaient favorables à un enseignement libéré de l'emprise de l’Église.


C'est surtout la Troisième République, à partir de 1870, qui a cherché a enraciner ses valeurs dans la population par le biais des instituteurs, surnommés les Hussards Noirs de la République, et formés dans les Écoles Normales départementales. Ils étaient chargés de former les futurs citoyens. En 1881, Jules Ferry a imposé l'école publique, laïque, gratuite et obligatoire pour tous les enfants de 5 à 13 ans. Cependant, la scolarisation des filles ne se généralisera qu'après la première guerre mondiale.


En cette fin de siècle, l'anticléricalisme s'est répandu. La séparation de l’Église et de l’État a été votée en 1905.


C'est dans ce contexte que l'école de Puylausic a été inaugurée.

 

 

L'école communale


En 1833, la loi Guizot trace les premières grandes lignes de l'enseignement public.
Les communes doivent avoir une école de garçons, privée ou publique et un instituteur. S'il est public, elles créent un impôt pour le payer et le loger.
Pour être instituteur, il faut avoir 18 ans et un Brevet de Capacité obtenu dans les toutes nouvelles Écoles Normales. Le travail des instituteurs est contrôlé par les inspecteurs. Leur moralité est officiellement surveillée par les notables, dont le maire
et le curé.
Au programme des garçons : toujours d'abord l'instruction morale et religieuse, lecture, écriture, français, calcul, systèmes des poids et mesures, géométrie et arpentage, notions de sciences physiques et naturelles, d'histoire-géographie, chant.
Les lois concernant la scolarisation des filles viennent à part et plus tard. Le programme est officiellement le même, mais l'objectif est de former non des citoyennes puisque les femmes ne votent pas, mais des épouses et mères. Elles apprennent à coudre et à bien se tenir.
Les bons élèves sont présentés au Certificat d'études élémentaires, que l'on compare parfois à l'actuel Brevet.



Le Gers vers 1850


Le Gers est un département rural. Au 19ème siècle, la plupart des enfants travaillent avec leurs parents dès qu'ils en ont la force. L'école est plus fréquentée en hiver, quand il y a moins de travail dans les champs.


En 1830, le Gers compte 312.000 habitants. Plus d'un village sur deux a son instituteur primaire. Entre 8.000 et 9.000 enfants sont inscrits à l'école, des garçons à plus de 90%. L'instruction progresse alors rapidement.


1840 : Le nombre d'élèves gersois passe à 16.000 (il double en 10 ans) répartis dans 400 écoles primaires publiques et 140 écoles privées. On compte 530 maîtres d'école (soit 1 pour 30 élèves) Les filles représentent alors 20 à 30% des élèves.


Vers 1850, les deux tiers des conscrits savent lire, écrire et compter.

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Partie 7. Contexte.
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Liste des instituteurs 1840 - 1984

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